2012

La place de la femme et son rôle dans les sociétés traditionnelles ou modernes est une constante dans les réflexions philosophiques, socio-anthropologiques et théologiques. C’est une question de société éminemment importante qui n’échappe pas aux spécialistes des sciences humaines.

La réalité sociale de la Guadeloupe, qui se situe entre tradition et modernité, a fait l’objet d’études savantes souvent contradictoires lorsqu’il s’agit du rôle de la femme. Une contradiction où elle est souvent idéalisée et valorisée comme femme Poto mitan, fonds de commerce ou moins péjorativement, une constante de la littérature antillaise. D’où notre interrogation : La femme Poto mitan de la société antillaise, mythe ou réalité ? Est-ce elle qui a choisi cette fonction, ou est-elle obligée de tenir ce rôle parce que l’homme guadeloupéen ne prend pas ses responsabilités ?

Dans la littérature créole, la présence de la femme fourmille à travers des figures mythiques, héroïques et utopiques chez les écrivaines telles que Simone Schwarz-Bart, Maryse Condé, Gisèle Pineau, mais aussi les écrivains comme Ernest Pépin. Les romanciers des deux sexes soulignent le rôle prépondérant de la femme dans la société guadeloupéenne. Elle jaillit et se dresse courageusement, dans cette production littéraire, jusqu’à devenir une figure emblématique dans maintes œuvres,  » Solitude, la mulâtresse  » (S. Schwartz Bart),  » Paroles de femmes  » (M. Condé), l’Exil selon Julia (G. Pineau) ; mais aussi au travers d’expressions telles que  » Je suis la mère, je suis le père ! « , An sé on fanm doubout :  » Je suis une femme debout « .

Conscientes des enjeux théologiques, éthiques et sociétaux de cette problématique, Agapé Média et L’Eglise Évangélique de la Guadeloupe organisent un colloque à l’intention de toutes les femmes guadeloupéennes :

Au-delà des clichés, quel(s) constat(s) faire sur les responsabilités tenues par les femmes dans les Églises et dans la société guadeloupéenne ? Peut-on voir dans la femme vertueuse du livre des Proverbes (chap. 31), l’archétype de la femme créole Poto-mitan ? Doit-on sacraliser le modèle ou le modifier en évitant le stéréotype matriarcal ? Le texte biblique conditionne-t-il la femme à l’émancipation ou à l’asservissement ?

Cette manifestation amène à s’interroger sur les moyens de réconcilier une identité avec elle-même : celle de femme créole et de femme chrétienne ; de femme de talent au cœur de la dynamique sociale, économique, politique et artistique. Comment concilier sa religion, son histoire, sa culture, sa profession et dépasser ses blessures pour rebondir ?

En définitive, un colloque inédit et ambitieux où des femmes vont aller à la rencontre d’autres femmes qui aspirent aux valeurs de justice, d’amour et de dignité, pour construire ensemble la société de demain…

Affiche 2012